Jean-Louis Cianni est un philosophe reconnu et castelnauvien. Membre de l'Observatoire, il nous livre son point de vue sur le terme "Folies"
Le mot a été lâché : folie. C’est par lui que, dans une novlangue à la Orwell, il nous faudrait désigner les tours de neuf étages qui vont jaillir sur l’avenue de l’Europe.
Attention, « Folie » ne doit pas être confondue ici avec aliénation mentale. Selon le dictionnaire, le mot annonce une de ces maisons que la bourgeoisie aisée construisait jadis à la campagne.
L’étymologie nous enseigne que le terme vient du mot feuille. À l’origine, une folie se voulait un abri de feuillage, une simple cabane. Puis dans une déclinaison populaire le mot a désigné une construction dispendieuse et extravagante.
« Mal nommer les choses, pour Albert Camus, c’est ajouter au malheur du monde. » Aujourd’hui, on ne sait si le monde est devenu plus malheureux qu’à son époque, mais un étrange naming viral retourne notre langage. Le vocabulaire des promoteurs et des architectes n’y échappe pas, qui mêle puérilité désarmante, panache ampoulé et provocation.
© FTV Christophe Monteil
Une question : s’il faut réserver le mot folie à une tour de neuf étages, comment désignerons-nous ce que sa construction va entraîner, les trottoirs et les chaussées salies et envahies, la circulation bloquée et polluante, les déviations aberrantes, les pompages de nappe à des fins de chantier, la surdité des responsables et la gangue de béton qui peu à peu enserre Castelnau-le-Lez ?
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