Jean-Louis Cianni est un philosophe reconnu et castelnauvien ! Il était présent à la réunion organisée par la Métropole, le lundi 3 avril au Kiasma sur le PLUI. Membre de l'Observatoire, il nous livre son point de vue.
400 personnes pour une réunion publique sur le PLUI-Climat à Castelnau-le-Lez ! Du jamais vu dans une cité qu’on croyait à tout jamais assoupie. Sans doute la faute à la Gazette qui l’avait annoncée dans ses colonnes. 400 présents et un absent de marque : le Président de la métropole, sans doute alerté que sur le PLUI, la tendance était à l’orage. La prudence réclamait de rester au sec. Le maire de Castelnau-le-Lez et deux agents de la Métropole assuraient donc seuls une bien périlleuse mission.
Citoyen lambda, je tire de ce type de réunion publique plusieurs enseignements qui pourraient éclairer les habitants des autres communes de la métropole qu’une curiosité incurable pousserait à s’informer sur l’avenir de leur cité.
1/ Le bilan informatif de ce type de réunion reste maigre. Le PLUI-Climat est livré dans une logique tortueuse et un jargon rebutant, ponctué d’acronymes obscurs et de barbarismes techniques. Mais ce n’est pas grave, on peut toujours rependre les infos sur le site ad hoc, nous dit-on. Et donner son avis, il sera pris en compte. Ce qui reste relatif puisque le PLUI peut encore subir de nombreuses modifications avant son adoption définitive.
2/ Et que dire de la concertation (mot qui vient de concert, accord de personnes qui poursuivent le même but) ? Des réponses toutes faites ou à côté des questions du public, à des esquives savantes en passant par d’interminables énoncés justificatifs, tout semble fait pour qu’un échange sincère et clair n’ait pas lieu. Il faut deux heures d’échanges tendus pour qu’on parle enfin des trois tours de neuf étages qui vont jaillir le long de ligne 2…
3/ Sur le fond, on ne parle jamais de la commune vivante avec ses torsions démographiques ou ses difficultés de circulation, mais d’un « plan de zonage ». Chaque habitant se voit ainsi transformé en « zonard », spectre condamné à errer dans un territoire morcelé par le scalpel administratif. On cherchera en vain une vision globale dans ce patchwork territorial.
4/ On mesure alors les dimensions de l’abîme séparant les élus des citoyens. D’un côté, un discours stérilisé, désertique. De l’autre, des habitants qui parlent de la réalité vécue. De trottoirs impraticables pour les poussettes, de nappes phréatiques pompées par les chantiers, de terres agricoles sacrifiées, d’arbres arrachés, de pollution, de ce sarcophage de béton que devient une commune livrée à une promotion immobilière vorace. D’un côté le quantitatif, l’expansion sans limites, de l’autre le besoin de qualitatif, d’eau, de communauté, d’avenir. D’un côté, la sécheresse brutale du non-sens. De l’autre un immense besoin de sens et de vie.
Assister à ces rencontres sur le bien nommé PLUI-Climat, effleurant à peine les grands enjeux environnementaux, n’en est pas moins urgent et indispensable. L’expérience révèle au grand jour la grise réalité de notre démocratie locale.
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